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Yuandy Artiste Peintre

14 - Regard
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Le poème de Bai Juyi relate l’amour tragique entre l’empereur Xuanzong des Tang et sa concubine Yang Guifei, brisé par la révolte d’An Lushan. Épris d’elle au point de négliger son empire, l’empereur est contraint de la sacrifier sous la pression des soldats révoltés. Submergé par le chagrin après sa mort, il tente de la retrouver même dans l’au-delà. Un taoïste parvient à établir un contact avec elle, et Yang Guifei lui exprime son amour éternel à travers un serment poétique : unis dans le ciel comme des oiseaux aux ailes jointes et sur terre comme des branches entrelacées, bien que leur tristesse demeure infinie.

L'empereur des Han, épris de beauté, rêvait d’un amour absolu
Des années durant, il régna sans trouver celle qui comblerait son cœur

Dans la famille Yang, une jeune fille venait d’atteindre l’âge de fleur
Élevée dans l’ombre du palais, nul ne connaissait son éclat

Sa beauté était un don du ciel, impossible à cacher
Un jour, elle fut choisie pour être auprès du souverain

Un regard jeté en arrière, un sourire, et naissent cent charmes
Toutes les beautés du palais impérial en perdent leur éclat

Par un matin frisquet, elle reçut le bain impérial aux sources de Huaqing
L’eau tiède et limpide glissa sur sa peau blanche comme du jade

Ses servantes l’aidèrent à se lever, son corps délicat semblait sans force
C’était le premier instant où elle ressentit pleinement la faveur impériale

Ses cheveux sombres enroulés d’ornements d’or, son visage éclatant comme une fleur
Dans la douce chaleur des rideaux de soie, une nuit de printemps s’écoula

Mais les nuits d’amour sont trop courtes, l’aube se leva bien vite
Dès lors, l’empereur cessa de se rendre aux audiences du matin

Jour après jour, il la chérissait sans répit
Printemps après printemps, il se promenait avec elle le jour, et la nuit était tout entière à eux

Parmi les trois mille beautés du palais
Toute son affection se porta sur une seule

Dans un palais d’or, elle se parait pour ses nuits auprès de lui
Après les banquets, elle buvait avec lui le vin du printemps

Toute sa famille fut honorée de titres et de richesses
Tant et si bien que tous les parents du royaume rêvaient d’avoir une fille plutôt qu’un fils

Du haut du palais impérial, leurs plaisirs touchaient les nuages
Et partout résonnait la musique céleste et enchanteresse

Les chants lents et les danses délicates retenaient la soie et le bambou des instruments
L’empereur ne se lassait pas de ce spectacle

Mais un jour, les tambours de guerre résonnèrent, ébranlant la terre
Le tumulte brisa la douce mélodie de la danse aux robes de plumes

Derrière les murailles du palais, les nuages de poussière s’élevèrent
Les armées se mirent en marche vers l’ouest

Les étendards de l’empereur avançaient lentement
Mais à peine franchies les portes de la capitale, l’armée refusa d’aller plus loin

Les soldats en colère n’avaient qu’une exigence
Et c’est ainsi que sous leurs yeux, la beauté périt

Ses ornements d’or tombèrent au sol, personne ne les ramassa
Son épingle de jade brisée resta parmi la poussière

L’empereur couvrit son visage de ses mains, impuissant
En se retournant, il vit son corps sans vie, et ses larmes mêlées à son sang

Dans le vent sec, la poussière s’éparpilla, le froid s’installa
L’empereur traversa les montagnes et les rivières, mais son cœur restait en arrière

Au bord de la rivière bleue, parmi les monts de Shu,
Chaque matin et chaque soir, son amour l'obsédait

À la lueur de la lune, il errait sans repos dans son palais solitaire
Sous la pluie nocturne, le tintement des clochettes lui brisait l’âme

Les astres tournèrent, le monde bascula, et enfin il put rentrer
Mais sur le chemin, il hésita longtemps, incapable de s’éloigner du lieu où elle était tombée

Là, sous la boue du mont Mawei, plus aucune trace de son visage
Il ne restait que le vent et la poussière

Les ministres et les généraux, le cœur serré, laissèrent couler leurs larmes
Tournés vers l’est, ils laissèrent leurs chevaux les ramener

De retour au palais, tout semblait inchangé
Le lotus flottait encore sur les eaux du lac Taiye, et les saules ployaient toujours au vent

Mais en voyant ces fleurs qui ressemblaient à son visage, ces branches qui rappelaient ses sourcils
Comment pouvait-il ne pas pleurer

Au printemps, les fleurs de pêcher et de prunier s’épanouissaient
À l’automne, les feuilles de sycomore tombaient dans l’oubli

Les palais désertés étaient envahis d’herbes sauvages
Les marches étaient jonchées de feuilles rouges, que personne ne balayait

À la tombée du soir, les lucioles brillaient dans la solitude
Sous la lampe, il veillait sans trouver le sommeil

Les nuits d’automne s’étiraient sous le son lent des tambours
Les étoiles pâlissaient avant l’aube

Les tuiles froides du palais étaient couvertes de givre
Dans le lit de soie, plus personne pour partager sa couche

Les années passèrent, la séparation dura
Mais même dans ses rêves, elle ne revenait jamais

Un jour, un moine taoïste de Hongdu
Se présenta, capable d’invoquer les esprits

Voyant le chagrin du souverain, il entreprit une quête
Par monts et par mers, il chercha son âme sans relâche

Par-delà le ciel, jusque sous la terre, il explora
Mais nulle part il ne trouva sa trace

Un jour, il entendit parler d’une île mystérieuse
Un lieu flottant entre les brumes

Là, des pavillons d’or s’élevaient parmi les nuages
Parmi eux, de nombreuses immortelles aux charmes exquis

Et au milieu d’elles, une femme du nom de Taizhen
Sa peau était blanche comme la neige, son visage éclatant comme une fleur

Le moine frappa aux portes du palais céleste
Une servante alla l’annoncer à la belle

À l’annonce du messager impérial
Dans son sommeil, elle s’éveilla en sursaut

Elle s’habilla en hâte, descendit précipitamment
Sa robe flottait sous le vent, comme dans une dernière danse

Son visage était baigné de larmes
Comme une branche de poirier sous une pluie de printemps

Le cœur empli d’émotion, elle adressa son message à l’empereur
"Depuis cette séparation, nous sommes à jamais éloignés"

"Dans le palais de la terre, l’amour s’est brisé"
"Tandis qu’ici, dans le palais céleste, le temps s’étire sans fin"

En regardant en bas, elle ne vit plus que les brumes
La capitale n’était plus qu’un rêve lointain

Elle confia alors un dernier souvenir
Un peigne d’or et une boîte de jade, qu’elle envoya au roi

"Si nos cœurs sont aussi purs que l’or et le jade"
"Alors nous nous retrouverons, sur terre ou au ciel"

Dans un dernier adieu, elle envoya un serment
Un vœu que seuls leurs deux cœurs connaissaient

Par une nuit d’été, au septième jour du septième mois
Dans le secret du palais, ils s’étaient murmuré

"Dans le ciel, nous serons deux oiseaux aux ailes jointes"
"Sur terre, nous serons deux branches entrelacées"

Le ciel et la terre peuvent s’effondrer un jour
Mais cette tristesse, elle, ne s’éteindra jamais

regard

《长恨歌》 (Cháng Hèn Gē) – "Chant de l’éternelle tristesse" de Bai Juyi (白居易)

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Bai Juyi's poem recounts the tragic love between Emperor Xuanzong of the Tang Dynasty and his concubine Yang Guifei, shattered by An Lushan's rebellion. So enamored with her that he neglected his empire, the emperor was forced to sacrifice her under pressure from the rebellious soldiers. Overcome with grief after her death, he sought to reunite with her even in the afterlife. A Taoist managed to establish contact with her, and Yang Guifei expressed her eternal love through a poetic vow: united in the sky like birds with intertwined wings and on earth like entwined branches, though their sorrow would never end.

The Emperor of Han was devoted to beauty,
For many years he ruled, but his heart remained unsatisfied.

In the Yang family, a young girl was growing up,
Raised in seclusion, unknown to the world.

Her beauty was a gift from heaven, impossible to hide,
One day, she was chosen to stand by the Emperor’s side.

She glanced back with a smile, a hundred charms arose,
And all the palace beauties lost their glow.

On a chilly spring morning, she bathed in the Huaqing hot springs,
The warm, silky waters glided over her delicate skin.

Her maids helped her rise, her frail figure barely had strength,
That was the moment she fully embraced imperial favor.

Her dark hair adorned with golden ornaments, her face radiant like a flower,
In the warmth of the silk-curtained bed, they spent a spring night.

But the nights of love are always too short,
And as the sun rose high, the Emperor no longer attended court.

Day after day, she enjoyed his love without end,
In spring, they wandered together, at night, their world was theirs alone.

Among the three thousand beauties of the palace,
All his love was given to just one.

In a golden palace, she adorned herself for their nights,
After the feasts, they drank together, intoxicated by spring.

Her family was granted wealth and noble titles,
So much so that all parents in the land wished for daughters, not sons.

High above in the imperial halls, they reveled among the clouds,
Celestial music drifted from every corner.

Slow songs and graceful dances enchanted the air,
The Emperor could never tire of watching her perform.

But one day, war drums shook the earth,
Breaking the melody of the Feathered Rainbow Dance.

Beyond the palace walls, clouds of dust rose,
The imperial army set off toward the west.

Banners swayed, halting, advancing, halting again,
Just beyond the city gates, the soldiers refused to march further.

They demanded a sacrifice,
And before their eyes, the beauty perished.

Her golden ornaments fell to the ground, unnoticed,
Her jade hairpin lay broken in the dust.

The Emperor covered his face, unable to save her,
Turning back, he saw her lifeless body, his tears mingling with her blood.

The winds blew dry, dust swirled, sorrow filled the land,
He wandered the mountains and rivers, but his heart remained behind.

By the clear waters of Shu, beneath the blue peaks,
Morning and night, his sorrow grew heavier.

By moonlight, he roamed his empty palace,
The sound of bells in the night shattered his soul.

The stars shifted, the earth turned, and finally, he returned,
But at the site of her death, he stood for a long time, unable to leave.

At Mawei slope, beneath the muddy earth,
Her face was gone, lost to the wind and dust.

The ministers and generals, hearts heavy, wept,
Gazing eastward, they let their horses carry them back.

Upon returning to the palace, all was as before,
The lotus still floated in the lake, the willows still swayed in the wind.

But seeing the flowers that resembled her face, the willow leaves like her brows,
How could he hold back his tears?

In spring, peach and plum blossoms bloomed,
In autumn, phoenix tree leaves fell in silence.

The deserted palace was overgrown with wild grass,
Red leaves covered the steps, never swept away.

At dusk, fireflies danced in the stillness,
Alone under the lamp, he remained sleepless.

The long autumn nights stretched under the slow chime of the bells,
The Milky Way shimmered, waiting for dawn.

The cold roof tiles were covered with frost,
Who was there to share his lonely bed?

The years passed, their separation endured,
Yet not even in dreams did she return.

One day, a Taoist priest from Hongdu,
Claimed he could summon spirits from beyond.

Seeing the Emperor’s deep sorrow,
He undertook a sacred quest to find her soul.

Across heaven and earth, through realms unseen,
He searched tirelessly, but found no trace.

One day, he heard of a distant immortal island,
A land floating between the clouds.

There, golden towers rose among the mist,
And among them, many celestial maidens dwelled.

Among them, there was one called Taizhen,
With snow-like skin and a face of radiant beauty.

At the western gate of a golden palace,
He knocked, and a servant delivered the news.

Hearing that an envoy of the Emperor had arrived,
She awoke in shock from her slumber.

Dressing hastily, she descended the steps,
Her robes fluttered like the wings of a phoenix in the wind.

Her face was streaked with tears,
Like pear blossoms drenched in spring rain.

With deep emotion, she spoke of her sorrow,
"Since our parting, our fates have drifted apart."

"In the mortal palace, our love was severed,"
"But here, in this celestial realm, time stretches endlessly."

Looking down below, she saw only mist,
No longer could she see the capital, only swirling dust.

She sent forth a token of love,
A golden hairpin and a jade box, delivered to him.

"The golden pin, split in two, the jade box, divided,"
"As long as our hearts remain as pure as these, we shall meet again."

With great sorrow, she left behind a final oath,
A vow known only to their two hearts.

On the seventh day of the seventh month,
At midnight, in secrecy, they had whispered—

"In heaven, we wish to be two birds flying side by side,"
"On earth, we wish to be two branches entwined forever."

Heaven and earth may crumble one day,
But this sorrow will last for eternity.

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